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7 mars 2012

MBA généralistes ou MBA sectoriels L’expertise, d’abord transversale ou d’abord verticale

http://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/rh-mba-generalistes-ou-mba-sectoriels-13964/

RH – MBA généralistes ou MBA sectoriels

L’expertise, d’abord transversale ou d’abord verticale

Ressources humaines - MBADepuis quelques années, les MBA sectoriels viennent élargir la palette déjà fournie des offres de MBA. Quitte à troubler le jeu. Car ces diplômes traditionnellement généralistes deviennent de plus en plus pointus avec la sectorisation. Même si pour la plupart, ils ne préparent pas à des fonctions de direction générale, ces MBA consacrés au luxe, au vin ou encore au sport, sont en train de trouver leur place dans le paysage des formations post-études. Ils peuvent enfin jouer ce rôle de passerelle salutaire entre métiers, permettant à des cadres une réorientation de carrière. Ou bien donner un vernis technique à des profils un peu trop généralistes pour affronter les particularités d’un secteur. Mais gare au cloisonnement.

L’offre des MBA en France et dans le monde est en train de se multiplier, de se complexifier, et fait de plus en plus figure de jungle pour les non-initiés. Pour faire face à une féroce concurrence et à une demande de plus en plus forte, les écoles sont amenées à proposer une palette toujours plus large de MBA. Parmi les nouvelles tendances, on note bien sûr l’internationalisation croissante des écoles et des cours qu’elles donnent, mais aussi la naissance de MBA sectoriels. Des formations qui concentrent leur enseignement sur un secteur particulier de l’économie, que ce soit le tourisme, la mode, le luxe, le monde hospitalier, le sport, ou encore le vin. Mais cette sectorisation des MBA n’est-elle pas en contradiction avec l’esprit même d’une formation traditionnellement généraliste et ouverte ? “Nous sommes ici face à un vrai changement par rapport à l’esprit originel et historique des MBA, qui sont censés former des managers généralistes et évolutifs, observe Guillaume Viaules, le DRH adjoint de Fujitsu France. Bref des gens capables de prendre plusieurs fonctions et de gérer une carrière assez variée, dans différents métiers et différents pays.” Jusqu’ici donc, les employeurs attendaient d’un diplômé d’un MBA une capacité d’évolution globale et transverse dans l’entreprise, et non un cloisonnement dans un seul secteur.

Certains MBA ont désormais une approche très spécialisée et pointue d’un secteur. C’est par exemple le cas du MBA management du sport créé en 2001 à l’ESG Management school de Paris. “Nous n’accueillons que des gens qui ont déjà une formation ou une expérience généraliste dans le management, car nous considérons que ces compétences doivent être acquises avant de rentrer dans la formation, explique Emmanuel Bayle, son directeur. Nos cours visent avant tout à expliquer le monde du sport et à former nos étudiants afin qu’ils y travaillent un jour.” De même, alors que dans un MBA généraliste, les intervenants extérieurs – souvent des professionnels – opèrent dans des secteurs de l’économie assez divers, ils viendront tous du même secteur dans un MBA sectoriel. Que ce soit le vin, l’aérospatial ou le sport.

Spécialisation ou cloisonnement ?
Hervé Rémaud, le responsable du Wine and spirits MBA à l’Ecole de management de Bordeaux (BEM) vient tempérer cette approche. “Nous enseignons l’ensemble des principes managériaux, mais appliqués au secteur des vins et spiritueux. Les cours sont dispatchés en 12 modules comme le marketing, la finance, la supply-chain, le management… Des disciplines qu’on pourrait retrouver dans n’importe quel MBA.” L’approche sectorielle n’exclut donc pas toujours l’approche généraliste. A ce titre, Euromed et BEM ont une approche originale de la sectorisation des MBA. Les deux écoles ont entamé un rapprochement au terme duquel elles délivreront un MBA généraliste commun, qui pourra être teinté d’une approche centrée sur le vin ou d’une approche centrée sur le secteur maritime. Les deux écoles opéreront ainsi un décloisonnement entre MBA généraliste et MBA sectoriel, mais jetteront aussi des passerelles entre deux secteurs d’activité.

Quoi qu’il en soit, les MBA sectoriels se multiplient et ils sont la plupart du temps créés dans des écoles abritant déjà des MBA généralistes. Cela permet à ces institutions d’agrandir leur offre, de “draguer” davantage d’étudiants, de financement et de renommée.

Qu’il soit généraliste ou sectoriel, le MBA n’est pas un passeport assuré pour les fonctions de direction. D’abord parce que le MBA est encore dans bien des cas considéré comme un diplôme un peu fourre tout et difficile à appréhender, pour les employeurs, comme pour les participants. “Par exemple, avoir fait le Summer Camp d’Harvard et ses trois mois de campus ne suffit pas pour se prévaloir d’un MBA auprès d’un employeur, prévient Yves Renaud, le directeur général de Coleridge & Valemore. C’est prestigieux, on vous donne un certificat, mais ce n’est pas un diplôme.” Si les chasseurs de têtes le considèrent comme un atout dans le CV d’un candidat aux plus hautes fonctions, il n’ouvre pas pour autant toutes les portes. “Ce n’est pas parce qu’un candidat a fait un MBA généraliste qu’il peut se présenter sur le marché du travail comme un directeur général, prévient Yves Renaud. Très clairement, à partir d’un certain niveau de dirigeant, on privilégie l’expérience au diplôme, et ce vernis qu’apporte l’obtention MBA n’est pas suffisant.” Une prudence que partage François Humblot, le président de Grant Alexander Executive Search : “la notoriété des MBA vient plus du fait que les écoles font parler d’elles et intéressent les étudiants, que d’une demande forte et explicite de la part des employeurs. On ne me demande jamais de chercher quelqu’un qui a un MBA, mais de chercher quelqu’un de compétent”.

Reste que dans un contexte de crise, les MBA sectoriels sont paradoxalement de mieux en mieux perçus par les recruteurs et les DRH. “Les entreprises recherchent des gens rapidement opérationnels, car les choses vont vite, analyse Guillaume Viaules. Elles ont un fort besoin d’être sécurisées et rassurées. Arriver avec une bonne vision des enjeux d’une profession et d’un secteur est clairement un plus.”

La création d’un MBA sectoriel tient beaucoup à son environnement immédiat, tant culturel qu’économique. Ainsi, ce n’est pas un hasard si le Wine & Spirits MBA de BEM a été créé à Bordeaux, la capitale mondiale du vin, que l’Aerospace MBA de l’ESC est proposé à Toulouse, la ville d’Airbus, ou que le MBA Luxe de l’Essec soit accueilli à Paris, la capitale de la mode et du luxe. Ensuite, il faut que le secteur autour duquel le programme est bâti présente des particularités, un historique et un caractère fortement marqué. Prenons par exemple le monde du vin, qui a la particularité d’abriter nombre de petites structures, où les dirigeants sont multitâches et doivent se familiariser avec des manières de travailler propres à ce secteur. Une autre spécificité du secteur du vin et de sa gestion de sa diversité. “Il y a des vins qui valent 2 euros la bouteille et des vins qui en valent 1 000, la manière d’aborder le produit et le consommateur sera totalement différente”, appuie Hervé Rémaud.

Les spécificités de certains secteurs sont telles que les participants aux MBA courent le risque de trop se spécialiser et de se cloisonner. Certes ils pourront progresser au sein de ce secteur, mais ils auront sans doute davantage de mal à en sortir. Ils doivent donc bien réfléchir avant de choisir leur formation.

Plus middle que top management
Parmi les motivations qui poussent un cadre à suivre un MBA, il y a la promesse d’accéder un jour à des fonctions de direction générale et la perspective de voir son salaire fortement augmenter dans la foulée. Le MBA généraliste semble mieux armé que le MBA sectoriel pour aider un participant à atteindre ce double objectif. Cela tient parfois à la structure économique du secteur auquel le MBA prépare. “En France, le monde du vin est largement composé de TPE familiales, un diplômé qui sort du MBA Wine & Spirits aura donc du mal à se hisser directement à la tête d’un domaine, sauf si celui-ci est déjà dans sa famille” convient Hervé Remaud. Un constat assez similaire est fait dans le monde du sport, un milieu qui est encore largement peuplé de TPE ou de PME. Difficile donc d’accéder à un poste prestigieux à court et à moyen terme lorsqu’on sort d’un MBA sectoriel. Très souvent, ces diplômes sont davantage axés vers le middle management que vers le top management. Un positionnement assumé par les directions des MBA sectoriels “Notre MBA a pour ambition de former des cadres moyens qui monteront vite dans la hiérarchie” explique Jeannine Picard, la directrice du MBA Hôtellerie/Restauration de l’Essec. “Nos diplômes préparent à des postes de directeur marketing, de directeur pays ou produits, mais ne préparent pas directement à une fonction de direction générale, confirme Hervé Remaud. S’ils ne débouchent pas forcément sur des postes de direction générale, comme cela peut être le cas pour les meilleurs EMBA généralistes, les MBA sectoriels ouvrent toutefois la voie à une large palette de métiers.” Un aspect que détaille Emmanuel Bayle : “Un diplômé du MBA management du sport aura le choix entre intégrer une fédération sportive, un gros club amateur, un club professionnel ou de travailler dans les médias sportifs, l’événementiel ou encore la distribution, la communication et le merchandising des marques de sport”.

Pour des experts “techniques”, comme les cadres ayant une formation d’ingénieur, suivre un MBA généraliste s’avère cependant le choix le plus pertinent. En lui permettant d’acquérir la “boîte à outils du manager”, il ouvrira l’auditeur à des compétences diversifiées et favorisera sa mobilité fonctionnelle. Et cette tendance se retrouve aussi dans le top management. “La plupart des patrons du CAC 40 ont doublé leur diplôme d’ingénieur avec un diplôme généraliste d’une prestigieuse université américaine”, révèle Yves Renaud. Le MBA, qu’il soit généraliste ou sectoriel, est aussi l’occasion pour des autodidactes ayant gravi les échelons d’acquérir des compétences plus générales en termes de gestion ou de leadership. C’est notamment le cas dans l’hôtellerie-restauration, qui compte un nombre important de “self made men” peu diplômés mais ayant acquis des compétences techniques de terrain.

S’il s’agit au contraire d’acquérir une expertise, les MBA sectoriels seront un choix plus judicieux. Car ils s’adressent aux personnes dotées d’un profil généraliste, mais qui souhaitent pénétrer dans un secteur peu accessible demandant des compétences particulières. “Je pense notamment à des profils fonctionnels, fonction RH et finance, que l’on veut faire évoluer sur une autre activité d’un grand groupe” analyse Guillaume Viaules. Les MBA sectoriels sont donc une bonne façon de réorienter sa carrière, que ce soit en quittant son entreprise et son secteur d’activité, ou en restant dans un groupe tout en changeant de métier. Choisis avec discernement, ils peuvent être un puissant instrument de décloisonnement pour les participants et pour les entreprises qui les y envoient.

Réseau et international, les idées reçues
Autre vertu de la formation, les MBA sont connus pour permettre à leurs diplômés de bâtir des réseaux à la fois solides et diversifiés. “Si le cadre recherche avant tout la qualité d’un réseau et un décloisonnement de son horizon, la notoriété du MBA devra être le facteur principal de son choix, soutient Yves Renaud. Il lui faudra alors se tourner vers les MBA les plus prestigieux comme ceux de l’Insead, de HEC, ou de la London Business School, et donc s’orienter de préférence vers un MBA généraliste.” A première vue, les réseaux des MBA sectoriels sont de moins bonne qualité comparés aux réseaux des MBA généralistes. D’abord parce qu’ils seraient moins diversifiés au sein même d’une promotion, les élèves venant souvent d’horizons ou de pays moins divers. Ensuite parce qu’existant depuis moins longtemps, leur annuaire des anciens élèves serait moins fourni. Mais là encore, il est difficile de généraliser et de s’y retrouver dans l’univers complexe des MBA. Ainsi, si de 50 à 60 % des étudiants du Wine & Spirit MBA de la BEM viennent du secteur du vin, 95 % sont des étrangers. Un facteur qui porte en lui la promesse d’une grande diversité de la promotion. Quant à l’annuaire des anciens du MBA in Hospitality Management de l’Essec, il ne compte pas moins de 1 500 noms dans ses colonnes, car le programme a été créé il y a déjà 30 ans. De plus si les réseaux de certains MBA sectoriels sont plus restreints, ils sont parfois d’autant plus précieux. Car ces formations sont en général positionnées sur des marchés de niches où il est difficile de rentrer à moins d’être coopté.

Autre force du MBA, il est un diplôme tourné vers l’international. Les écoles l’ont bien compris en nouant des partenariats avec des institutions étrangères et en délocalisant une partie de leurs cours sur ces lointains campus. “Si le but du candidat est d’acquérir un vernis international, il vaut mieux choisir un MBA généraliste qui lui permettra de voyager et ainsi de s’ouvrir au monde” conseille Yves Renaud. Mais encore une fois, le choix est plus complexe qu’il n’y paraît, car si certaines formations comme le MBA Management du sport à l’ESG restent sur le territoire français tout au long du cursus, d’autres sont très internationales. “Nos étudiants passent bien sûr du temps à Bordeaux, mais aussi en Australie et en Californie, pendant les deux ans que dure leur formation” explique Hervé Rémaud. Attention aussi au prix du MBA, qui est souvent en rapport avec son degré internationalisation. Ainsi, le MBA Management du sport est-il facturé 8 000 euros pour un an, alors que le Wine & Spirits MBA revient à 26 000 euros pour les 2 ans, auxquels il faut ajouter les frais de logement et de transport lorsqu’il se délocalise, soit 40 000 euros en moyenne. A titre de comparaison, le très international EMBA généraliste de l’Insead-Tsinghua coûte 60 000 dollars hors frais annexes.

Profils passionnés
Le profil des auditeurs des MBA sectoriels est assez différent de celui des MBA généralistes. D’une façon générale, ils sont d’abord plus jeunes. “Notre MBA est plutôt junior, c’est-à-dire que nous accueillons des profils bac+5 avec une petite expérience professionnelle, détaille Emmanuel Bayle. On trouve peu de gens qui ont 35 ou 40 ans comme c’est le cas dans beaucoup de MBA généralistes.” L’hôtellerie-restauration étant un secteur où on commence traditionnellement à travailler tôt, certains participants ont à peine 22 ans. Mais les aspirants doivent tous avoir un minimum d’expérience professionnelle afin d’accéder aux MBA, qu’ils soient sectoriels ou généralistes.

La sectorisation des MBA a aussi pour conséquence de rendre les promotions plus cohérentes, mais moins diverses car les participants viennent en majorité d’un même environnement professionnel. “Notre MBA accueille surtout des personnes travaillant déjà dans le secteur de la santé, explique Thierry Nobre, le responsable du EMBA Management hospitalier de l’Ecole de management de Strasbourg. Ce sont beaucoup des directeurs d’établissement, des médecins, ou des directeurs de soin. Mais nous accueillons aussi des gens qui souhaitent se réorienter dans le domaine de la santé.” La diversité d’une promotion de MBA sectoriel viendra principalement de ces participants qui, souvent par passion, ont choisi de se spécialiser dans un secteur particulier. “Ces MBA regroupent beaucoup de gens passionnés mais qui veulent gagner en pertinence et en compétence à travers une formation sectorielle, analyse Yves Renaud. En somme, ils veulent être reconnus comme passionnés compétents.” Ces passionnés n’hésiteront pas à rétrécir l’éventail des possibles en choisissant d’étudier à fond un secteur et d’y faire carrière. Un parti finalement pertinent dès lors qu’on a trouvé sa voie.
Reste que l’on retrouve dans l’univers des MBA sectoriels les contradictions qui traversent les MBA généralistes. Le manque d’accréditation unique et centralisée a pour conséquence de laisser chacun libre de faire ce qu’il veut, et de mettre des programmes assez différents sous l’appellation MBA. Les cadres souhaitant se lancer dans un MBA sectoriel pourront s’en servir efficacement pour changer de secteur… mais auront du mal à en sortir une fois ce choix fait.

3 questions à
Isabelle Pasmantier, directrice marketing et communication de QS France, et organisatrice du World MBA Tour *

 

“Les profils de MBA sont de plus en plus divers”

Quelle cote pour les MBA en 2012 ?
Les entreprises sont de plus en plus au fait de ce que sont les MBA. Le QS World MBA Tour fait le tour du monde deux fois par an avec plus de 450 business schools et nous pouvons mesurer leur intérêt à chaque étape. Dans le climat économique qu’on connaît aujourd’hui, le MBA vous permet d’être un candidat intéressant pour l’après-crise. Ce diplôme permet de changer de carrière, d’accéder à des fonctions plus importantes, mais aussi d’être mieux payé. Les diplômés de MBA travaillant pour des multinationales en France gagnent environ 65 992 € par an, à la quatrième place derrière la Suisse avec 84 689 €, le Danemark avec 68 624 € et l’Angleterre à 68 554 €.

Qu’est ce qui fait le succès d’un MBA ?
L’école, le réseau et le corps professoral sont les trois piliers qui font la force d’un MBA. Mais ce qui en fait vraiment la richesse, ce sont les élèves eux-mêmes, les personnalités qui forment la promotion. Ce sont les recruteurs qui ont le travail le plus délicat, car ce sont eux qui bâtissent la promotion. Laquelle se doit d’être à la fois diverse et cohérente. Ses membres doivent être complémentaires et s’apporter les uns aux autres. Il ne faut pas oublier qu’entrer dans un MBA c’est un peu comme entrer en religion. Cette formation est très exigeante, elle vous prend vos journées, vos soirées, vos week-ends… C’est un investissement financier, mais aussi familial.

Comment améliorer la diversité des promotions de MBA ?
La première des choses à faire est d’inciter les femmes à s’inscrire à des MBA et à les aider à mener à bien cette formation. Ce n’est pas toujours évident car cet engagement est souvent concomitant avec l’envie de fonder une famille. Certaines écoles l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’elles s’équipent de crèches. Il est aussi possible d’orienter le recrutement des MBA grâce à la distribution d’aides financières. Plus de 1,2 million d’euros de bourses d’études sont alloués aux visiteurs du World MBA Tour, soit par les écoles soit par QS lui-même. Certaines sont distribuées aux femmes spécifiquement pour encourager la féminisation des MBA et donc des postes à responsabilité dans les entreprises. Il s’agit de les aider à briser le plafond de verre. D’une manière générale, le MBA est en train de se démocratiser. Les profils sont de plus en plus divers et sortent un peu du duopole finance/conseil. Cela permet d’avoir des classes plus riches en termes de retour d’expérience.

* le QS World MBA Tour 2012 s’arrête à Paris le 10 mars 2012 au Méridien Etoile

Interview – Bernard Belletante, président de l’Association
française des grandes écoles de management et directeur général d’Euromed

 

“Un Master of Business Administration se doit de couvrir tous aspects du business”

MBA généralistes, sectoriels, spécialisés, comment s’y retrouver ?
Il est important de faire la différence entre ce qu’on appelle MBA sectoriel et MBA spécialisé. Le premier concentre son enseignement sur un secteur industriel, comme le vin, l’aéronautique, le luxe, ou le secteur maritime. Alors que le second se focalise sur des fonctions ou des disciplines comme le marketing ou la finance. Aujourd’hui, les organismes d’accréditation tels que l’AMBA sont peu favorables à ces MBA spécialisés sur des fonctions. Alors que les formations sectorielles sont mieux acceptées. A condition de ne jamais oublier qu’un MBA est fondamentalement un Master of Business Administration, c’est-à-dire que cette formation se doit de couvrir tous aspects du business.

Les MBA sectoriels ne courent-ils pas le risque d’être trop cloisonnant ?
Même un MBA qui porte principalement sur le secteur du luxe ou de l’hôtellerie-restauration se doit de traiter de tous les aspects du management. Les formations qui sont très spécialisées et qui n’ouvrent pas l’esprit et les compétences de leurs auditeurs ne remplissent pas leur fonction première, qui est de former les dirigeants de demain. Or un dirigeant n’a pas forcément à être un hyperspécialiste d’une fonction ou d’un secteur. Il n’a pas non plus vocation à être un technicien supérieur très pointu. Le MBA doit être un diplôme d’accès à des fonctions de direction, voir de direction générale. La décision managériale est complexe, donc plus le dirigeant a des références venant d’autres secteurs et plus il sera efficace lors de la prise de décision.

Comment trouver le bon dosage entre sectoriel et généraliste ?
Même s’il se doit avant tout d’être généraliste, un MBA peut être teinté “sectoriellement”. Par exemple à Euromed, nous avons un seul MBA généraliste, qui peut être orienté vers le maritime. Les fondamentaux du management sont traités comme dans un MBA généraliste, mais la formation est orientée vers le maritime à travers des études de cas, des rencontres en entreprises ou encore le thème du mémoire. Nous étudions aussi quelques spécificités du secteur, comme le droit maritime ou la sécurité maritime. De plus, Euromed est en train de fusionner avec l’Ecole de Management de Bordeaux, qui est notamment connue pour son Wine & Spirits MBA. A terme, il y aura un seul diplôme MBA délivré par ces deux écoles, mais qui pourra rester généraliste, se spécialiser dans le vin, ou encore se spécialiser dans le maritime.

Quelles différences entre un mastère spécialisé et un MBA sectoriel ?
Un mastère spécialisé ne prépare pas à des fonctions de direction générale, comme le fait un MBA, mais plutôt à des fonctions de direction opérationnelle. A la sortie, un diplômé en mastère peut par exemple viser des postes tels que directeur de plateforme, directeur de ligne ou de produit. En clair, un mastère prépare d’avantage à des postes de middle management qu’à des postes de top management. En outre, le mastère spécialisé est très souvent une formation initiale qui se fait après un bac + 5 alors que le MBA s’adresse à des gens qui ont entre 5 et 15 ans d’expérience. Les étudiants qui suivent un mastère sont à la recherche d’une double compétence. Par exemple un juriste qui voudra aussi se former en marketing. Le mastère est de plus un diplôme généralement enseigné en français, où le niveau d’internationalisation est extrêmement faible.

Donc il n’y a pas de concurrence entre les vrais mastères spécialisés et les vrais MBA sectoriels. Ce qui n’est pas le cas des produits hybrides, sans accréditation, qui eux naviguent entre le MBA et le mastère. Il est d’ailleurs dans l’intérêt du public d’aller vers des formations et des institutions accréditées.

Le MBA a-t-il désormais autant de succès en France que dans les pays anglo-saxons ?
Non, car en France nous avons une culture de la formation très particulière, nous sommes encore une fois dans l’exception. Un Français va faire, d’une traite, toutes ses études : baccalauréat, licence, master, puis enchaîner sur sa vie professionnelle. Il n’a pas vocation à retourner sur les bancs de l’école pour se former une fois qu’il est entré dans la vie active. Aux Etats-Unis, on fait généralement un Bachelor, puis on travaille quelques années, avant de revenir à l’école pour finir ses études. Les Anglo-Saxons acceptent l’idée de s’arrêter de travailler pour continuer leurs études.

Il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de Français qui font des MBA, car nous n’avons pas cette culture-là. Par contre il y a des étrangers qui viennent faire des MBA en France car nos formations sont bien placées dans les classements internationaux. Par exemple, il y a 12 institutions françaises dans le classement des MBA full time délivrés par le Financial Times. Cela prouve bien qu’il y a de l’attractivité dans notre pays.

Les MBA sectoriels français ont-ils un avantage concurrentiel par rapport à leurs concurrents étrangers ?
Le vin, la mode ou le tourisme sont certes des points forts de notre pays, mais nous n’y sommes pas non plus en monopole. Dans le secteur du vin, il y a notamment une montée en puissance des crus australiens, californiens ou chiliens. Nous sommes concurrencés par l’Italie dans le luxe et le design. Nous n’avons pas de territoire acquis. Il n’y a pas d’attractivité spéciale de la France au niveau des MBA liée à sa culture ou ses points forts. Par exemple, Aerospace à Toulouse, on vient à Toulouse parce qu’il y a Airbus, ce n’est pas la France qui est choisie. Si Airbus était en Allemagne, c’est là-bas que le MBA Aerospace aurait été proposé. Ce qui intéresse les Chinois, les Indiens et les Américains qui viennent faire un MBA en France, c’est plutôt d’avoir une tête de pont européenne dans un pays non anglophone.

Par Fabien Humbert

 
 
 
 

 

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